LES PLANTES SAUVAGES 4e édition réactualisée
Réf.: L006Avant-propos de la 4e édition
Près de vingt ans et plus de vingt mille exemplaires sont passés depuis la première rédaction de cet ouvrage, achevée en décembre 2005. Lucien Souny, son premier éditeur et Pierre Lieutaghi qui m’avait fait l’honneur de sa préface nous ont quitté mais les plantes sont toujours là ainsi que l’engouement qu’elles suscitent génération après génération.
Volonté de partage des savoirs, quête d’autonomie et de liberté, résistance à l’oubli et au dédain des savoirs naturalistes traditionnels, autant de points qui nous avaient réunis autour de ce projet et qui me pousse encore aujourd’hui à vouloir rééditer ce livre avec l’association Vieilles racines et jeunes pousses et Véronique Thabuis des éditions Les mots qui portent.
Les plantes sauvages semblent avoir acquis une place solide dans le cœur des françaises et des français. Au fil des années, des scandales sanitaires de l’industrie pharmaceutique ou agroalimentaire, de la perte effrayante des zones naturelles et de la biodiversité, nous prenons conscience de la valeur inestimable des savoirs, des savoir-faire liés aux plantes alimentaires ou médicinales.
Nous sommes des millions en France et en Europe à consommer des aromates, des tisanes, des alcoolatures, des huiles essentielles, des baumes, des sirops et tout ce qui appartient à l’herboristerie.
Les plantes sauvages génèrent une économie florissante qui se chiffre en milliards d’euros chaque année, or la ressource est déclinante et souvent gaspillée à cause de l’industrialisation de nos sociétés. Il convient donc plus que jamais d’être économe des plantes, au sens noble du terme, de réfléchir et de mesurer nos besoins véritables, de privilégier les circuits courts et les circuits locaux, une autoproduction réfléchie et parcimonieuse autant que faire ce peut.
Une plante comme l’ail des ours, quasi ignorée en 2005, est aujourd’hui souvent surexploitée, piétinée par des milliers de gens pour faire le fameux pesto. Faites votre pied léger et soyez sobres. Même s’il s’agit d’une plante commune, elle est cantonnée à des sols forestiers préservés des écrasements des machines de l’industrie forestière, elle appartient au cortège des espèces de boisements naturels qui sont de plus en plus souvent détruits pour être remplacés par des monocultures de résineux ou de feuillus à cycle de production court. L’ail des ours ne pourra plus exister dans de tels milieux artificialisés. Une cueillette responsable, douce et attentive est donc une activité souhaitable qui offre une raison supplémentaire pour plaider la préservation des « forêts naturelles ».
L’usage des pesticides a reculé dans l’espace public et dans les terrains des particuliers grâce à la loi Labbé (2019) et c’est tant mieux pour la survie de nombreuses espèces citées dans ce livre ainsi que pour notre santé lorsque nous consommons le produit de notre cueillette. J’espère de tout mon cœur que les législateurs auront le plus rapidement possible le courage et la détermination qu’a eu Joël Labbé pour faire interdire les pesticides dans les parcelles agricoles. Nous cesserons de nous empoisonner et nous aurons d’autant plus de possibilité de cueillir parce que les plantes sauvages pourront à nouveau prospérer et se perpétuer pour le plus grand nombre.
Le propos de cet ouvrage n’a pas changé, les gestes, les enjeux, les précautions et le plaisir sur le chemin des herbes sont les mêmes, je vous souhaite à toutes et à tous un très beau et très heureux chemin !
Thierry Thévenin, Mercin, 1 juin 2024